Le 29 juillet, la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis a approuvé l’utilisation du mécanisme de création et de rachat en nature pour les produits négociés en bourse (ETP) adossés à des crypto-actifs. Auparavant, les ETP crypto fonctionnaient essentiellement sur la base de créations et rachats en espèces. Ce changement réduit sensiblement les coûts de transaction et améliore l’efficacité opérationnelle. Par ailleurs, la SEC a publié les nouvelles normes de cotation pour les ETF au comptant, une réglementation qui devrait entrer en vigueur en septembre ou octobre 2025. Ces mesures ont vocation à rationaliser les procédures d’admission et à préparer l’intégration accrue des crypto-actifs dans les marchés financiers traditionnels.
Les nouvelles normes de cotation de la SEC portent sur les exigences d’éligibilité et les procédures opérationnelles des ETP crypto. La création et le rachat en nature sont désormais officiellement autorisés, permettant aux acteurs autorisés d’échanger des parts d’ETP contre des crypto-actifs réels et plus seulement contre de la monnaie fiduciaire. Cette évolution contribue à limiter la pression fiscale, à réduire les frictions et à renforcer la liquidité des ETF. Dans sa communication officielle, le président de la SEC souligne que cette décision vise à garantir une égalité de traitement entre ETP crypto et ETF classiques tout en préservant l’intégrité des marchés. Jusqu’ici, les ETP crypto étaient contraints au modèle en espèces, induisant des coûts d’exploitation élevés et un risque accru de manipulation.
La SEC a également introduit des critères de cotation universels imposant qu’un crypto-actif soit déjà négocié sur les marchés à terme de grandes plateformes, telles que Coinbase, durant au moins 6 mois. Cette exigence vise à assurer une liquidité et une profondeur de marché suffisantes pour limiter tout risque de manipulation. Selon des documents cités par Phyrex, la création d’ETF pour des jetons ou meme coins (tels que Bonk ou Trump Coin) dépourvus de contrats à terme doit se conformer au cadre réglementaire du 40 Act.
Les ETF Bitcoin et Ethereum au comptant, autorisés respectivement en 2024 et 2025, continueront de tirer profit de ce nouveau mécanisme de création en nature.
D’après les données de SoSoValue, au 31 juillet 2025, les ETF Bitcoin au comptant américains affichaient une collecte nette cumulée de 55,11 milliards de dollars. Les ETF Ethereum au comptant totalisaient une collecte nette cumulée de 9,62 milliards de dollars, en nette progression après une période de ralentissement. L’arrivée des ETF au comptant a visiblement soutenu la valorisation de ces jetons.
Les nouvelles règles ouvrent la voie aux altcoins : Solana (SOL) et Ripple (XRP) devraient figurer parmi les premiers à en bénéficier. La proposition du Cboe précise que des ETP sur SOL et XRP sont attendus pour le quatrième trimestre 2025, en s’appuyant sur des marchés à terme suffisamment liquides. Les contrats à terme sur XRP ont été lancés sur Coinbase le 22 avril de cette année, et l’usage du XRP dans le domaine des paiements transfrontaliers suscite déjà un fort intérêt institutionnel. Les analystes estiment que l’approbation de ces ETF est hautement probable, possiblement avant la fin 2025.
D’autres projets, comme Chainlink, Polkadot ou Cardano, remplissent déjà la condition de durée minimale de cotation et bénéficient de premiers contrats à terme. Cependant, tous ne seront pas éligibles : DOGE pourrait être écarté, faute d’un historique suffisant sur les marchés à terme, à moins que la maturité du marché n’évolue. Globalement, ces nouvelles normes pourraient permettre l’approbation de 10 à 15 nouveaux ETF couvrant les 20 principales cryptomonnaies par capitalisation, accompagnant ainsi la transition du secteur vers l’investissement au détriment de la pure spéculation.
Le 9 mai, Coinbase Derivatives, filiale de Coinbase, a lancé pour la première fois aux États-Unis un service 24/7 de trading de contrats à terme à effet de levier sur Bitcoin et Ethereum, sous régulation CFTC, accessible tant aux investisseurs particuliers qu’institutionnels. Ce jalon inaugure la possibilité, sans précédent sur le marché américain des dérivés, de couvrir ses risques et de profiter d’opportunités à tout instant. Coinbase prévoit de lancer des contrats perpétuels et d’étoffer sa gamme de produits dérivés conformes à la réglementation.
En tant que première plateforme crypto américaine, Coinbase bénéficie directement des nouvelles normes de la SEC. Les règles citent Coinbase en référence d’éligibilité : tous les jetons négociés sur la plateforme depuis plus de 6 mois deviennent éligibles aux ETP, ce qui accroît le poids de Coinbase dans les processus réglementaires. Les actifs cotés sur Coinbase sont ainsi plus facilement transformables en ETF, attirant de nouveaux partenaires émetteurs. Coinbase assume déjà la conservation de plusieurs ETF Bitcoin et Ethereum, avec une progression de 30% du chiffre d’affaires de cette branche au premier trimestre 2025.
En outre, les nouvelles normes devraient stimuler les volumes d’échange et les revenus de Coinbase. Le mécanisme de rachat en nature oblige les émetteurs d’ETF à détenir des crypto-actifs réels, incitant les institutionnels à réaliser des transactions majeures via Coinbase. Selon les analystes de Bloomberg, ce système pourrait rapporter à Coinbase un surcroît de revenus d’un milliard de dollars par an. Alors que de nouveaux ETF verront le jour, les particuliers se tourneront aussi vers Coinbase pour acquérir les actifs supports, ancrant une dynamique de croissance auto-alimentée.
Le 21 février de cette année, la SEC a abandonné ses poursuites contre Coinbase, sans prononcer d’amende. Une fois ces obstacles réglementaires levés, Coinbase dispose d’une voie ouverte. Les nouveaux standards renforcent la légitimité de la plateforme, qui passe du statut d’opposant réglementaire à celui de partenaire reconnu.
La Commodity Futures Trading Commission (CFTC), régulateur fédéral des marchés de matières premières, joue un rôle de plus en plus décisif dans la régulation des ETF au comptant. Puisque des actifs comme le Bitcoin sont qualifiés de matières premières, la supervision des ETF au comptant requiert la collaboration entre SEC et CFTC. En 2025, un rapport de la Maison Blanche a recommandé un renforcement du partenariat entre les deux agences, avec notamment la création d’un « port de sécurité » pour limiter les chevauchements réglementaires. Certaines décisions ont été retardées faute de nominations à la tête de la CFTC, offrant une opportunité : l’approche réglementaire plus flexible de la CFTC pourrait accélérer l’innovation en matière de produits dérivés sur ETF au comptant. Si la CFTC classe davantage de crypto-actifs comme matières premières, l’approbation des ETF au comptant pourrait se hâter, allégeant d’autant la charge de la SEC.
À ce stade, les régulateurs ont atteint un équilibre de fonctionnement. Comme l’a indiqué l’observateur Twitter qianbafrank, les nouvelles normes de la SEC impliquent que « l’autorité d’approbation des ETF crypto au comptant revient désormais à la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), puisque c’est elle qui décide des actifs éligibles à des contrats à terme ».
Cependant, l’influence accrue de la CFTC comporte aussi des risques : la montée des manipulations sur les marchés à terme crypto pourrait pousser la CFTC à renforcer la supervision, ralentissant ainsi l’essor des ETF au comptant. Dès 2025, la CFTC avait déjà instruit plusieurs dossiers de fraude crypto, susceptible d’imposer aux émetteurs d’ETF des exigences de transparence renforcées.
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